( Le Dauphiné Libéré – 9 mars 2008 )
Un Viennois sur quinze, aujourd’hui, est d’origine arménienne. Ces chiffres suffisent à établir une évidence : au cours du 20e siècle, un petit bout d’Arménie s’est enraciné dans le pays viennois. Car l’Histoire et ses vicissitudes n’ont pas été d’une infinie tendresse envers ce petit pays des confins de l’Europe, où un million et demi d’Arméniens ont péri sous le fil des épées de la soldatesque turque.
Les descendants des rescapés du génocide, qui ont fui leur pays meurtri, se sont implantés sur toute la surface du globe.
On recense une communauté forte de 2 000 personnes à Vienne (30 000 habitants), dans une vallée du Rhône où les industriels, notamment, se montrèrent très accueillants envers une main d’oeuvre propre à remplacer les générations fauchées dans les tranchées de 14-18.
Quatre-vingts ans plus tard, Vienne récolte les fruits d’un modèle d’intégration, entre acclimatation sans heurts et, pour Patrick Tchoboian, “fidélité à une culture trimillénaire, avec une langue et un alphabet propres, à une religion, puisque l’Arménie, en 301, fut le premier état au monde à accepter le christianisme, et surtout à une cause, la reconnaissance de ce génocide qui a entraîné la constitution de toutes ces communautés”.
(“Arméniens en Rhône-Alpes, histoire d’une communauté”, collection Les Patrimoines, aux éditions Le Dauphiné Libéré, par Jean-Luc Huard, professeur d’histoire-géographie et membre du comité scientifique du Centre du patrimoine arménien de Valence. Préface de Jean Guibal, directeur de la culture et du patrimoine auprès du conseil général de l’Isère. Disponible auprès de nos diffuseurs de presse au prix de 7 €).