( S.G. – Le Dauphiné Libéré – 6 novembre 2004 )
Suite à de nouveaux contacts avec les élus de Goris, la mairie et l’association en charge des relations avec la ville jumelle arménienne de Vienne ont décidé de ne plus soutenir le projet de construction d’un hôtel, mais de s’engager dans des actions plus globales de promotion du tourisme . Explications …
A Goris, la donne a considérablement changé en quelques années. Au point que la mairie de Vienne, en accord avec l’association créée en 2002 (et présidée par Jacques Kéchichian), annonce qu’elle modifie sa stratégie en matière de coopération décentralisée en direction de l’Arménie. La nouvelle a été officialisée jeudi soir lors d’une conférence de presse présidée par Jacques Remiller, en présence de son adjoint chargé des relations internationales Patrick Curtaud et de plusieurs représentants de la communauté arménienne.
Ce changement de stratégie a été décidé au lendemain de la visite en Arménie du député-maire à l’occasion d’un colloque du Conseil de l’Europe, et de Philippe Sartori, employé au service municipal en charge de ce dossier. Sur place, ils ont pu constater que l’Arménie est en pleine mutation. “Je n’étais pas retourné à Erevan depuis avril 2002. J’ai retrouvé une capitale complètement transformée, avec des rues neuves, des trottoirs refaits, des chantiers tous azimuts. Autant de bons signes pour l’avenir”, a souligné Jacques Remiller avec satisfaction.
L’Arménie évolue au point que ses besoins ne sont plus les mêmes que ceux exprimés en 2000, quand il avait été décidé d’engager Vienne aux côtés de Goris pour l’aider à construire le premier hôtel qui manquait tant à la ville, où il était alors impossible de trouver un logement pour séjourner temporairement.
Mais, en quelques année, les investisseurs privés se sont intéressés à cette partie du sud du pays. Ce sont eux qui désormais financent l’émergence de structures hôtelières: ils sont américains, allemands, russes ou en provenance des anciennes républiques soviétiques. “Depuis que le régime politique est sûr et stable, les capitaux sont présents. Le tourisme aussi se développe, qu’il soit national ou international, ainsi que régional : Goris est sur la route qui relie l’Iran à la Géorgie en passant par l’Arménie. C’est pour cela que des tours opérateurs étudient aujourd’hui la possibilité de proposer des séjours axés autour d’une partie de la route de la soie”, explique Philippe Sartori.
“Goris est située dans une région très belle où ils existent d’importants sites troglodytes dont l’exploitation a cessé en 1955, mais qui pourraient être revalorisés. Il y a aussi des monastères. Sans oublier les possibilités de pratiquer le ski de fond ou d’organiser des trekkings en hiver, sur le plateau situé à plus de 2000 mètres d’altitude”, ajoute Jacques Kéchichian.
Dans ces conditions, plutôt que d’oeuvrer en faveur d’un hôtel (avec tous les problèmes administratifs et financiers qu’une telle opération représente pour une collectivité locale comme la mairie en terme d’investissements, mais aussi de fonctionnement), une autre option est désormais privilégiée, en accord avec les Arméniens : celle de soutenir le développement du tourisme d’une façon globale. “Il paraît sage, sans faire marche arrière et sans renier nos engagements, de ne pas ajouter un autre projet à ceux soutenus par des fonds privés” résumait Jacques Kéchichian.
“Nous avons fixé un calendrier d’actions pour 2005”, précisait le maire. Et de citer le soutien viennois à la création d’un office du tourisme à Goris qui devrait voir le jour au printemps prochain. Le savoir-faire local pourrait être exporté pour aider les Arméniens à former des spécialistes capables de gérer ce genre de structures. De précieux conseils pourraient aussi être échangés, des guides pourraient être soutenus dans leurs apprentissages.
Autre axe de coopération : la promotion de la langue française, déjà engagée en 2004 en partenariat avec “France Formation”, un organisme basé à Grenoble. “Dès l’été 2005, des cours intensifs de français seront proposés aux professeurs et aux habitants qui, par manque de moyens, perdent progressivement l’usage de la langue”, précise Jacques Remiller.
Certaines initiatives culturelles seront aussi soutenues par Vienne. C’est le cas du projet de création d’une dote de club francophone à qui des ouvrages pourraient être donnés et des expositions prêtées.