( Le Dauphiné Libéré – 19 avril 1978 )
Dans le cadre de la quinzaine arménienne, la nouvelle génération arménienne, le “Nor Seround”, a présenté à la salle des fêtes une belle et très intéressante exposition. De grands panneaux, des photographies, des journaux, des peintures, des livres permettaient de mieux connaître le problème arménien.
C’est dans un double but que cette exposition fut présentée. D’abord, faire connaître le mouvement, ses buts et ses activités. Ensuite, et surtout, faire apprendre et ressentir la culture arménienne sous tous ses aspects, en faire connaître l’histoire, la religion et l’architecture. Bien sûr, chacun sait ce que fut le génocide de 1915, chacun le réprouve. Mais l’histoire arménienne ne se borne pas qu’à ce terrible génocide. Ce pays, comme toutes les nations, a connu une histoire.
Ce sont ces pages d’histoire que les jeunes du Nor Seround ont voulu présenter à la colonie arménienne de Vienne et des environs, mais aussi à tous les Viennois, jeunes et moins jeunes.
Bon nombre de visiteurs se sont succédés durant deux jours à cette exposition. Quelques privilégiés eurent le bonheur de pouvoir rencontrer M. Donikian, auteur du livre “Ethnos”.
Le succès de cette entreprise revient aux diverses sections du Nor Seround de la région qui prêtèrent leur concours, mais aussi à MM. Tchoboian, Dolmadjian et Mirzoyan, responsables viennois qui apportèrent beaucoup de dévouement et de leur temps dans la préparation et l’organisation de cette exposition.
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Les jeunes arméniens de l’oublient pas
( Le Progrès – 19 avril 1978 )
On ne peut manquer d’être frappé par ce fait : la jeune génération d’origine arménienne tient à maintenir le souvenir de ce qui s’est déroulé en Arménie il y a 63 ans. Et elle fait preuve de vigueur, prenant la relève des parents et grands-parents. Ces jeunes n’ont généralement jamais mis les pieds dans cette région d’Asie occidentale, mais ils n’en défendent pas moins avec passion le droit à l’indépendance du territoire de leurs ancêtres.
C’est ce que nous avons constaté à nouveau avec l’exposition organisée par Nor Seround. Les panneaux installés dans la salle des fêtes rappelaient le massacre de trois cent mille personnes sur l’ordre des autorités turques en 1894-96, et surtout celui de 1915.
Beaucoup de précisions étaient données sur le plan général d’extermination des Arméniens, que le gouvernement jeune-turc mettait à exécution le 24 avril 1915. Un million cinq cent mille Arméniens étaient massacrés sur place ou sur le chemin de la déportation.
Des photos et des textes s’attachaient à décrire les ordres terribles du ministre de l’Intérieur de la Turquie et les résultats épouvantables qui en découlaient. Les documents que nous pouvions voir sous le titre “Le pays de l’épouvante” nous faisaient inévitablement penser à la récente exposition sur la déportation en Allemagne durant la guerre de 1939-45. Rapprochement d’autant plus aisé que nous relevions l’écrit suivant : “Hitler pouvait dire en novembre 1939 en donnant l’ordre du massacre en Pologne : “Qui donc parle encore aujourd’hui de l’extermination des Arméniens ?”.
Il était aussi question des efforts du gouvernement turc pour cacher les persécutions. Et puis il était encore indiqué qu’en 1977, le gouvernement turc avait enlevé aux minorités le plein exercice de leurs droits. Suivaient des images sur les monuments de la civilisation arménienne, qui ont été détruits ou qui sont à l’abandon.
Des promesses non tenues et faites par les représentants de divers Etats au sujet de l’indépendance de l’Arménie étaient mises en évidence. Plus loin, nous lisions : “Et maintenant ? Dans un monde où on ne laisse entrevoir aux peuples opprimés la possibilité d’aucune solution pacifique à leur cause, peut-on s’étonner de cette renaissance du mouvement révolutionnaire arménien ? “.
A côté, il était précisé : “Nous revendiquons : la reconnaissance par le gouvernement turc du génocide arménien; la condamnation de ce génocide par les instances internationales et les réparations qui en découlent; la restitution des territoires arméniens à leur légitime propriétaire : le peuple arménien; des mesures tangibles entreprises par l’UNESCO afin d’amener la Turquie à faire cesser la destruction des monuments arméniens; l’arrêt des contraintes actuelles pesant sur la minorité arménienne de Turquie”.
Enfin, un dernier panneau évoquait des actes terroristes en attirant l’attention sur les motivations et leur finalité. Voilà qui aura surpris des visiteurs.