(Clément Berthet – Le Dauphiné Libéré – 4 juillet 2012)
Le sourire est naturel et la joie est sincère. A la librairie Lucioles, en cette fin d’après-midi, Stéphane Kochoyan, le directeur de Jazz à Vienne, est fier d’être aux côtés de Tigran Hamasyan.
La venue du jeune pianiste est d’abord l’épilogue d’une belle rencontre. Celle de deux musiciens, en 2000, du côté d’Erevan en Arménie. Un festival de jazz, un pianiste parmi les spectateurs et une énorme claque musicale : “Quand j’ai entendu Tigran pour la première fois, c’était extraordinaire”, se souvient Stéphane Kochoyan. “Je suis allé voir sa famille en expliquant qu’il fallait qu’il voyage, qu’il sorte de son pays, qu’il fasse des rencontres… Je ne me rendais pas trop compte de son âge”. Un garçon de tout juste 13 ans, mais à la musicalité d’une incroyable maturité : “Il était déjà un magnifique pianiste”, assure Stéphane Kochoyan.
Douze plus tard, à bientôt 25 ans, Tigran Hamasyan a déjà reçu une victoire du jazz et le très convoité prix Thelonious Monk : “Le chemin n’a pas été si facile qu’on le croit”, avoue le musicien. “Mais je n’ai jamais criant les critiques, c’est ce qui m’a permis de progresser”.
Un recul qui a forgé son caractère, complété par des expériences tous azimuts. Solo, trio, quartet … les influences évoluent, le compositeur aussi : “Ma façon de jouer bouge en permanence”. Transformant son piano en boîte à musique. Tigran déploie une énergie follement fabuleuse qu’il puise dans des influences de Led Zeppelin à Miles Davis sans renier ses racines, celles de l’Arménie.
Il ne lui manquait plus que le chant. c’est désormais chose faite sur son album qui sortira en 2013. En attendant, il dévoilera ses multiples facettes sur les différentes scènes du festival.
Piano et guitare en apothéose
Jean-Luc Coppi – Le Dauphiné Libéré – 5 juillet 2012)
Découverte et confirmation, hier soir au Théâtre antique. La découverte d’un talentueux pianiste avec Tigran Hamasyan et la confirmation d’un guitariste toujours inspiré avec Pat Metheny. Que du bonheur.
Dès les premières notes, on devine une incroyable sensibilité sous les doigts du pianiste qui compose, entre pulsations moderne et culture traditionnelle, une musique totalement originale. Le musicien arménien Tigran Hamasyan s’amuse avec les touches et touche le public en plein coeur, avec un jazz libéré (plus que free) : déferlement d’harmonies, de syncopes et de mélodies captivantes, envoûtantes.
Tigran Hamasyan est assurément un grand pianiste, qui puise dans la boîte à musique de ses inspirations protéiformes. Et c’est aussi un compositeur inventif. Jazz, rock, voire metal ou sonorités orientales, sa musique est habitée par les grands pianistes comme Keith Jarrett notamment, dont il a retenu la quintessence pour la faire sienne. Et plus encore, créant une musique familière, déjà classique.
Pat Metheny et son Unity Band ont prolongé le charme, face à des spectateurs acquis au talent du guitariste inventif et surdoué…