La concrétisation d’une amitié

( Vienne Informations – 16 décembre 1992 )

92La signature de l’acte de jumelage entre Vienne et Goris – notre 7e ville jumelle – marque le début de nombreux échanges avec l’Arménie.
La ville de Goris, située à 250 km au sud-est d’Erevan, fait désormais partie des villes jumelles de Vienne. Ce jumelage était très attendu par la communauté arménienne viennoise, qui, depuis le tremblement de terre de 1989, avait souhaité établir un échange avec l’Arménie.
La signature de l’acte de jumelage, dimanche dernier, entre Louis Mermaz, maire deVienne, et Samuel Haroutounian, maire de Goris, est l’aboutissement de trois ans de recherche et de négociations.
“La communauté arménienne recherchait une ville qui par sa population corresponde à celle de vienne, explique Patrick Tchoboian, directeur de la Maison de la Culture Arménienne (MCA). Elle souhaitait également s’éloigner de la capitale, s’enfoncer au coeur du pays. Goris est une ville d’environ 30 000 habitants, implantée dans une région chargée d’histoire et de luttes, une région très attachante”.
Le peuple arménien lutte pour le renforcement de l’indépendance. “Dans les faits, des droits nous ont été accordés, mais nous ne pouvons pas les concrétiser. Nous ne demandons rien d’autre que de vivre en paix dans notre pays”, explique Samuel Haroutounian.
Accompagné de son épouse et d’une délégation, le maire de Goris a passé une semaine à Vienne. Semaine mise à profit par la MCA et le COEI pour leur faire découvrir la ville sous tous ses aspects. Rien n’a été laissé de côté.
Samuel Haroutounian a souhaité visité une tuilerie, car la ville de Goris projette d’ouvrir une entreprise de ce type. La matière première existe en quantité illimitée, mais il leur manquait jusqu’à présent le procédé de fabrication.
La délégation arménienne emportera le souvenir “du sourire permanent des Viennois” qui, espère-t-elle, réapparaîtra prochainement dans son pays.

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Vienne se lie avec Goris

( Le Dauphiné Libéré – 15 décembre 1992 )

Le jumelage entre Vienne-Goris qui vient d’être décidé s’inscrit, par rapport aux autres, dans un cadre particulier, du fait de la présence, ici, de nombreux habitants d’origine arménienne qui tiennent bien leur place dans la vie locale.
La délégation de Goris, qui est à Vienne depuis quelques jours, a pu bien faire connaissance avec notre ville, grâce à un programme très varié. Après des visites et des entretiens dans des entreprises, dans les services techniques de la ville, au centre hospitalier et avant la rencontre dans le milieu scolaire, une réception avait lieu au collège Ponsard.
MM. Sottet, principal, et Paret, conseiller principal d’éducation, accueillaient les visiteurs, de nombreux élus (parmi lesquels MM. Kaloustian et Arzoumanian, conseillers municipaux), les responsables du comités des échanges internationaux, de nombreux Viennois d’origine arménienne, des représentants de diverses activités.
M. Samuel Haroutounian, maire de Goris, aux côtés duquel se tenaient MM. Keloumgian, président de la maison de la Culture Arménienne, et Patrick Tchoboian, directeur et pour la circonstance interprète, voyait d ans les liens qui s’établissent entre sa ville et Vienne la certitude d’une coopération dans de nombreux domaines.
Louis Mermaz rappelait que des liens séculaires existent entre les deux pays et que bien des hommes d’origine arménienne ont combattu dans l’armée française en 1914-1918 et en 1939-1945. Il louait le comportement des fortes communautés arméniennes de Vienne et de la région.
Le maire de Goris remettait à son collègue de Vienne un superbe tapis, une preuve de l’excellent artisanat qui existe là-bas. Une gravure était offerte à M. Haroutounian.
La cérémonie de la signature de l’acte de jumelage à l’Hôtel de ville voyait une assistance importante se presser dans le salon des mariages et déborder dans le vestibule.
Louis Mermaz ouvrait la séance en saluant ces moments de joie, mais aussi de gravité en raison des évènements tragiques qui atteignent Goris et sa région. Après avoir indiqué qu’il avait eu le plaisir de recevoir le président de la République arménienne et le président de l’Assemblée nationale d’Arménie, il assurait que, répondant à l’invitation qui lui était faite, il irait à Goris en mai prochain.
M. Haroutounian, qui avait des mots élogieux pour Vienne et ses habitants, affirmait : “Nous sommes animés d’une grande confiance qui s’est trouvée justifiée avec les contacts que nous avons eus au cours de notre séjour”. Il rappelait comment, à travers l’histoire, les Français avaient apprécié la fidèle amitié du peuple arménien, qui remonte à la nuit des temps. Le niveau atteint à Vienne dans tous les domaines lui semblait devoir être profitable à sa ville du fait des relations qui s’établissent.
Puis les deux maires signaient l’acte de jumelage. Ce geste s’accompagnait d’un moment fort émouvant qui faisait vibrer toute l’assistance. Dans une union touchante, les chants de l’hymne arménien et de l’hymne français faisaient battre tous les coeurs à l’unisson.
Après, Louis Mermaz, affirmant une profonde solidarité à l’égard de Goris, avec l’aide que peut apporter la ville de Vienne dans différents domaines, faisait savoir qu’il agirait au sein du gouvernement français afin que l’étau se desserre autour de l’Arménie. Et aussi que ce pays puisse retrouver complètement son identité et son intégrité.
M. Haroutounian lançait : “J’éprouve une grande joie pour cet instant, j’ai la conviction que s’ouvre une nouvelle phase plein d’intérêt. Les rapports réciproques devront favoriser nos deux villes et les problèmes se résolveront mieux. Le couloir humanitaire passant par Goris, nous subissons une forte pression. Les bombardements de l’artillerie ont causé la mort de 200 personnes ces derniers mois et notre hôpital a soigné 2 500 blessés graves. C ‘est un grand malheur pour la population civile”.
Il ajoutait : “Nous attachons une très grande importance à ce que la Communauté Européenne soutienne auprès des organisations internationales notre droit à vivre en paix et en liberté”.
Il souhaitait des échanges scolaires, l’acquisition d’appareils médicaux qui fonctionnent en France et un échange architectural.